La participation à l'entreprise

Pour une participation moderne !

2020 est marquée par des événements dramatiquement forts - crise sanitaire, barbarie – qui ont tendance à plonger les Français dans l’angoisse. Si cette peur, réflexe quasi-reptilien de l’espèce humaine, peut nous permettre de nous protéger à court terme, elle est rarement bonne conseillère à long terme.

Pour guérir nos sociétés de nos maux, il ne faut pas non oublier d’où nous venons et quelle était la situation il y’a moins d’un an : urgence climatique, tensions sociales liées à un déclassement d’une partie de la population : perte de pouvoir d’achat, sentiment -justifié- de montée des inégalités.

Sur ces derniers points, il est une idée qui mérite toute notre considération car elle peut contribuer grandement à l’apaisement social, la réduction des inégalités, ainsi que la justice par la récompense des efforts consentis par les travailleurs. Cette idée n’est pas nouvelle. Elle a été brillamment développée il y a 50 ans par Marcel Loichot dans un ouvrage intitulé « La Mutation ». Cette idée est le développement de la participation des salariés au capital des entreprises.

Loin d’être anachronique, le débat contemporain autour de ce dispositif peut être pertinent car il permet de préparer le monde d’après, ce monde corrigé des dysfonctionnements de l’avant.

De quoi s’agit-il donc quand on parle de participation des salariés au capital des entreprises ?

Il s’agit de récompenser les salariés par la distribution d’actions leur étant réservé, ce qui leur permet à leur tour de devenir propriétaire (en partie) de l’ entreprise dans laquelle ils travaillent, de pouvoir espérer aussi toucher les futurs dividendes.

L’idée simple est de conjuguer le capitalisme que nous connaissons avec une certaine justice sociale :

  • Le capitalisme serait préservé, la propriété privée continuerait d’être défendue
  • Les travailleurs deviendraient eux aussi des capitalistes en recevant au fur et à mesure des actions de leur entreprise

Un mécanisme simple, inspiré de Loichot[1], pourra être le suivant :

  • Le dispositif s’appliquerait à toute entreprise de plus de 10 salariés
  • La rémunération du capital (dividendes) serait plafonnée à un taux raisonnable, par exemple 3%[2]
  • Le bénéfice non distribué serait alors ajouté au capital : les actions correspondantes, incessibles pour une certaine durée[3], seraient réparties pour moitié entre les actionnaires antérieurs proportionnellement à leurs actions, pour moitié entre les travailleurs de l’entreprise proportionnellement à leurs salaires de l’exercice

La réforme ne vise ni les travailleurs indépendants ni les petites entreprises.

Idéalement, une telle réforme devrait s’accompagner d’autres réformes majeures, comme celles permettant d’intégrer les externalités écologiques dans la comptabilité des entreprises.

Mais cette réforme de la participation, cette mutation qu’appelait Marcel Loichot de ses vœux, est déjà un pas social important. Le temps de sa mise en œuvre est-il enfin venu ?

Pierre Dardaillon

[1] LOICHOT Marcel, La mutation ou l’aurore du pancapitalisme, Ed. Tchou, 1970, 627 pages
[2] Loichot penchait pour 5 %
[3] Loichot pense à 10 années.

 


 

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